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8 juin 2019 6 08 /06 /juin /2019 09:03

Voici probablement un des plus curieux dispositifs qui ait été porté par les eaux du Cher depuis les débuts de la batellerie sur cette rivière. Amarré sur la rive gauche du cours d’eau, le lavoir flottant montluçonnais ressemblait plus à un bâtiment qu’à un navire, en dépit de la polysémie du mot « bâtiment ».

Par rapport à la majorité des lavoirs aménagés ou de fortune qu’on rencontrait partout sur les ruisseaux et rivières, le bateau-lavoir figuré sur la carte postale présentait plusieurs avantages. L’eau qui servait à tremper le linge était plus profonde que sur la berge et donc (un peu) plus propre. Le tuyau de poêle visible sur le toit indique qu’il devait être possible d’y faire bouillir le linge. On note aussi l’étage occupé en grande partie par des étendoirs à l’abri de la pluie. Un détail intéressant : le plancher du pont est légèrement en dessous de la ligne de flottaison, ce qui indique que les personnes venant laver leurs affaires avaient moins à se pencher pour toucher l’eau, et travaillaient de manière moins pénible que les femmes agenouillées en position de déséquilibre sur la plage sableuse du Cher.

Outre la passerelle, on relève la présence de deux longs madriers trempant dans l’eau à tribord et à la poupe de l’embarcation (les marins me pardonneront l’usage de termes propres à leur univers). Aux extrémités, des barres à mine sont plantées dans le plancher de la rivière. Il s’agit tout simplement d’un système d’ancrage rudimentaire pour maintenir la bonne distance entre la passerelle et la rive.

Qui pouvait avoir l’usage de ce bateau, dont l’accès était nécessairement tarifé ? Le linge, étendu et qui flotte au vent, fait penser à des draps ou à des nappes, peut-être d’un des nombreux hôtels que comptaient naguère Montluçon et ses alentours.

 

© Olivier Trotignon-2019

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1 mars 2019 5 01 /03 /mars /2019 19:12

Lorsqu’on feuillette d’anciens albums de cartes postales, on y trouve principalement des vues sans grand intérêt de lieux qui n’ont pas évolué depuis plus d’un siècle: châteaux, cathédrales, ponts. On y rencontre aussi, parfois, des clichés moralement discutables au regard de nos principes de lecteurs civilisés de ce début de XXIe siècle.
J’ai choisi trois photographies cruelles qui font de la détresse humaine une forme de spectacle, apprécié, j’imagine, car ces cartes postales ont été imprimées pour être vendues.
Le premier document est un montage associant deux habitants de Commentry, dans l’Allier, un homme et une femme, qui exposent sans complexe leur alcoolisme, bouteille à la main. On peut supposer que les bouteilles qu’ils tiennent par le goulot sont toute ou partie du salaire que leur a versé le photographe pour prendre ses clichés.

 

 

Tout aussi tragique, ce portrait de berrichonne du bourg d’Henrichemont, dans le nord du département du Cher. Visage bouffi et presque androgyne, le sujet est disposé dans un décor floral qui doit souligner son manque de féminité.
L’auteur de la carte postale précise même qu’il s’agit de la « belle » Angèle.

 

Alors que la mère, les mains nouées sur sa canne, posait devant l’objectif, sa fille attendait son tour. Si on regarde bien le fond de chaque photographie, on remarque une étagère pleine de pots de fleurs commune aux deux vues.
La malheureuse, les traits déformées par la boisson, pose, semblable aux habitants de Commentry, une bouteille et un verre à la main.

© Olivier Trotignon 2019

 

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 13:02

 

Voici une véritable curiosité qui a du réjouir plus d’un habitant de Montluçon: le sieur Tronget, glacier de son état réussit l’exploit de dresser un sanglier  et de lui faire réaliser des tours proches des exercices qu’on attendrait plutôt d’un animal de cirque.
La première vue montre notre glacier aux commandes d’une petite carriole aux brancards et aux harnais adaptés à la taille du sanglier. Vu de près, cet attelage parait plus décoratif qu’efficace, un simple licol, une petite sellette et des traits équipant l’animal, sans rien pour le freiner.

 

Suit une série de photos prises dans le même environnement. On voit un visage enfantin qui observe la scène derrière une des fenêtres de la maison.
En position assise, le sanglier, toujours licolé, semble se soumettre à son maître. Un long fouet est posé sur le sol, à portée de main.

 

 

Tel un chien, le suidé, les pattes avant posées sur une table, semble attendre de son maître le signal pour s’emparer d’un morceau de nourriture. Le fouet a disparu, mais le visage est toujours là, à observer par la fenêtre.

 

Une dernière photographie présente le glacier, magistral, dominant l’animal avec son long fouet de cocher à la main. Le sanglier, couché sur le flanc, joue le mort.
Cette curieuse série témoigne d’une vraie habilité à domestiquer un animal sans doute capturé très jeune, qui a certainement servi d’enseigne à son propriétaire, chaque photographie indiquant la profession de ce dernier.

 

 

© Olivier Trotignon 2019

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 08:47

Louis-coulon1

 

 

Les temps anciens n’ayant pas été avares de personnages pittoresques, c’est vers Montluçon que la lentille de l’appareil-photo va se tourner pour se rapprocher d’un homme dont la notoriété était grande dans l’univers ouvrier de l’époque: Louis Coulon, mouleur aux usines Saint-Jacques et son exceptionnelle barbe.

 

Louis-Coulon2

 

Le quartier Saint-Jacques de Montluçon n’est même plus le fantôme de ce qu’il fut pendant la Révolution industrielle. Devenu commercial et résidentiel, seul quelques maisons ouvrières témoignent encore du passé de ce quartier. Aciéries, fours à chaux et autres usines y employaient une foule d’ouvriers dont un se distinguait par le soin qu’il apportait à l’entretien d’une barbe de plus de trois mètres.

 

Louis-Coulon3

 

On doit supposer que cet ornement était très encombrant, voire dangereux, dans un métier manuel qui ignorait la plupart des règles de sécurités en vigueur aujourd’hui sur les lieux de travail, et que Louis Coulon avait une manière de plier cette immense écharpe naturelle.
Cette figure hors normes du monde ouvrier montluçonnais inspira à plusieurs reprises les photographes qui réalisèrent plusieurs séries de cartes postales à son image.

© Olivier Trotignon 2014

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26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 09:43

Glozel1

 

Entre les deux guerres éclata une affaire à ce jour non encore résolue. Dans un petit hameau de la montagne bourbonnaise fut découvert, par un agriculteur et son petit-fils, un mystérieux gisement préhistorique particulièrement atypique, qui déchaîna les passions des savants de l’époque. L’affaire de Glozel venait de commencer.
Rien ou presque, dans les objets récoltés par les agriculteurs, ne ressemblait à ce que la préhistoire du Périgord livrait aux savants. Ceux-ci, incrédules et rejetant à priori l’hypothèse de l’authenticité du gisement, multiplièrent les pressions pour tenter de confondre les inventeurs. La Gendarmerie fut même missionnée pour perquisitionner la ferme afin de trouver les preuves de la présumée supercherie.
Conspués par la majorité des préhistoriens de l’époque, le vieil homme et le jeune garçon, nommé Émile Fradin, malgré les pressions et menaces qui pesèrent sur leurs épaules, maintinrent toute leur vie la même version de leur découverte, et ouvrirent même un petit musée dans leur ferme.

 

Glozel-Fradin

 

J’ai eu la chance de rencontrer deux fois Émile Fradin, qui accueillait avec beaucoup de bonhomie tous ceux qui s’intéressaient à sa découverte et à son histoire, dans son musée, et je n’ai jamais pu trouver chez cet homme quoique ce soit qui puisse laisser même supposer la moindre ombre de malhonnêteté.
 Émile Fradin nous a aujourd’hui quittés et c’est à lui que je pense lorsque je regarde cette photo de son grand-père, en sabots, à la porte de la petite pièce où étaient présentées aux visiteurs les objets découverts dans la parcelle du Champs des morts.

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 08:39

Montluçon-église

 

Faisant quelques courses dans le centre-ville de Montluçon, je me suis souvenu de cette image de l'église Notre-Dame, dans le petit quartier médiéval de la ville, en contrebas du château.

Monument historique, donc peu soumis à des risques de modification de son aspect général, l'église ne présente, sur cette photo, aucun intérêt, mais l'attelage qui se trouvait là, lui mérite un agrandissement.

 

Montuçon-église-détail

Sans doute parti livrer un colis, le conducteur a bloqué le frein et attaché les rènes du cheval à un anneau au plafond de la roulotte. Le cheval, attendant son retour, semble chercher une improbable touffe d'herbe au pied du mur de l'église.


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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 18:26

fontaine-de-Viljot

 

Cliché pris au début du XXe siècle représentant un des lieux les plus emblématiques de la forêt de Tronçais. Située non loin d'un site archéologique gallo-romain parfois décrit comme un sanctuaire des eaux, la source de Viljot est un lieu porteur de légendes et est un lieu très fréquenté. Il était de coutume d'y jeter des pièces de monnaies et des épingles, tradition pouvant remonter à l'antiquité. Sur la photographie, on distingue une inscription, aujourd'hui complètement usée, sur le rebord de la fontaine. Le costume de l'enfant qui donne l'échelle est représentatif de la manière d'habiller les garçons à l'époque.

 

Viljot-détail

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Présentation

  • : Histoire et cartes postales anciennes
  • : mise en ligne de cartes postales et photos anciennes à caractère historique
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  • Olivier Trotignon, historien
  • Historien médiéviste de formation, je propose une série de photographies anciennes ou contemporaines pouvant être utiles à la connaissances des terroirs et des activités du passé.
  • Historien médiéviste de formation, je propose une série de photographies anciennes ou contemporaines pouvant être utiles à la connaissances des terroirs et des activités du passé.

Conférences

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Dans l'objectif de partager avec le grand public une partie du contenu de mes recherches, je propose des animations autour du Moyen-âge et de l'Antiquité sous forme de conférences d'environ 1h30. Ces interventions s'adressent à des auditeurs curieux de l'histoire de leur région et sont accessibles sans formation universitaire ou savante préalable.
Fidèle aux principes de la laïcité, j'ai été accueilli par des associations, comités des fêtes et d'entreprise, mairies, pour des conférences publiques ou privées sur des sujets tels que:
- médecine, saints guérisseurs et miracles au Moyen-âge,
- l'Ordre cistercien en Berry;
- les ordres religieux en Berry au M.A.;
- la femme en Berry au M.A.;
- politique et féodalité en Berry;
- le fait religieux en Berry de la conquête romaine au paleo-christianisme...
Je travaille sur un projet de conférence sur les maisons-closes et la prostitution en Berry avant 1946 (animation prévue pour l'été 2013).
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